Blackm - Son : Je ne dirai rien . Accueil; Bio; Paroles; Sons; Clips; partager; Envoyer ; Envoyer; Parole de la chanson [Intro - Black M] x2 :T'aimes te faire belle, oui, t'aimes briller la nightT'aimes les éloges, t'aimes quand les hommes
Ne dit rien Mais reste contre moi encore Ne dit rien Mais laisse-moi serrer ton corps Que j'adore Ne dit rien Et si tu vois poindre l'aurore Ne dit rien Oublie tout on est trop bien On est trop bien dans le silence Avec les gestes de l'amour Trop bien pour reprendre conscience Avec le jour Demain commence la semaine Qui nous verras compter les nuits Avant que la vie nous ram? Ne Au paradis Ne dit rien Mais reste contre moi encore Ne dit rien Mais laisse-moi serrer ton corps Que j'adore Ne dit rien Et si tu vois poindre l'aurore Ne dit rien Oublie tout on est trop bien On est trop bien l'un contre l'autre Au bout du monde bien cach? Dans l'univers qu'on a fait n? Tre Pour mieux s'aimer Pour mieux s'aimer? T? Te folle A coeur troubl?,? Corps perdu Sans? Changer une parole Superflue Ne dit rien Mais reste contre moi encore Ne dit rien Mais laisse-moi serrer ton corps Que j'adore Ne dit rien Et si tu vois poindre l'aurore Ne dit rien Oublie tout on est trop bien

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21 Juin 3303 Chronique de l’Oeil J’aime bien mon job. ParticuliĂšrement quand il s’agit de se dĂ©guiser comme aujourd’hui et de faire du renseignement de terrain. Nous sommes de grands enfants vous savez
 Me voilĂ  donc au palais du gouverneur sur GD 1192. J’ai passĂ© toute la journĂ©e Ă  servir des petits fours Ă  des confĂ©renciers, lobbyistes de tous poils, politiques, journalistes, etc. Comment j’ai fait pour m’inviter dans cet Ă©vĂ©nement “hautement sĂ©curisĂ©â€ ? Ca n’a pas Ă©tĂ© si compliquĂ© en rĂ©alitĂ©. Un des organisateur a l’habitude d’offrir bien plus qu’à manger et boire Ă  ses hĂŽtes pour les fins de soirĂ©e
les hommes sont si prĂ©visibles et si fragiles en rĂ©alitĂ©, surtout ceux qui se croient puissant. Mes cibles Ă©taient donc lĂ , Ă  portĂ© de tir pourrais je dire. L’idĂ©e m’a traversĂ© l’esprit une seconde de leur servir un poison mortel dans leur coupe. Facile, propre, efficace. Ce sont les vieilles techniques qui marchent encore le mieux vous savez..et puis vous pouvez varier les plaisirs effet Ă  retardement, plus ou moins dĂ©gĂ©nĂ©ratif, plus ou moins douloureux. La nature est bien faite, on en a pour tous les goĂ»ts et tous les usages. Mais comme je n’ai pas encore chopĂ© leur complice au niveau du Consilium, je prends donc mon mal en patience, pour l’instant du moins
 Slavan et Dollabella se sont mis en retrait un moment donnĂ© pour une conversation qui semblait plutĂŽt animĂ©e. J’adore ces petites camĂ©ras qui se logent dans les boutons de chemise. C’est vraiment trĂšs pratique et surtout beaucoup plus discret que de prendre des notes. Maintenant je vais me taper le sale boulot identifier tous les contacts, retrouver leur pedigree, retranscrire les conversations quand c’est possible
 Bref, fini de jouer. 21 Juin 3303 mondanitĂ©s et influences -Bonjour mon Colonel ! -Appelez moi Brice s’il vous plaĂźt, cher ami. -Comment se portent nos affaires? -Ma fois pour le moment fort bien je vous remercie. Les choses se mettent en place gentiment, Ă  notre avantage. -Parfait ! Vous m’en voyez rassurĂ© et ravis! Vous n’ĂȘtes pas inquiet aprĂšs cet attentat sordide? -Pas le moins du monde. Les dĂ©gĂąts sont mineurs finalement. -Il se murmure que cela pourrait ĂȘtre l’oeuvre de la cellule Sigma, ou bien une opĂ©ration clandestine menĂ©e par l’empire. -L’enquĂȘte est en cours et nous n’excluons aucune thĂšse. D’ailleurs, peut ĂȘtre les deux sont ils liĂ©s
 -Mon dieu dans quelle Ă©poque vivons nous ! Alors mĂȘme que la galaxie dĂ©couvre avec effroi la rĂ©alitĂ© de la menace ThargoĂŻd , nous ne sommes toujours pas capable de nous allier en humanitĂ©. Mes clients sont effrayĂ©s de voir ce qu’ils ont pu faire Ă  leur flotte vous savez. -Oui, celĂ  est peut ĂȘtre mĂȘme le plus grand danger. Mais je ne dĂ©sespĂšre pas que le Consilium puisse inflĂ©chir son principe d’indĂ©pendance et former une alliance. Je doute que nous puissions venir Ă  bout des Aliens avec nos seules forces. -Puisse-t-il vous entendre, vous ĂȘtes un sage parmi les sages cher Brice. Si je peux d’une quelconque maniĂšre
 -En temps voulus mon ami
 En temps voulus. -Je crains que le temps ne presse. N’avez vous point vu ces choses monstrueuses dans les Pleiades ? Ne pensez vous pas que le temps presse dĂ©sormais ? -La politique est faite de patience mon cher, mais le Porte parole est un homme d’écoute et d’influence. Je lui passerai le message soyez rassurĂ©. -Et s’il n’est pas de notre avis ? -Il n’est qu’en intĂ©rim je vous le rappelle. D’une maniĂšre ou d’une autre il sera remplacĂ© bientĂŽt. -Soit, du moment que cela serve nos intĂ©rĂȘts, et le plus tĂŽt sera le mieux. -Nous sommes d’accord. Je suis navrĂ© mon cher, mais je dois vous laisser pour aller au devant de mes autres invitĂ©s. Profitez bien du cocktail. Je vous contacterai quand cela sera nĂ©cessaire. 21 Juin 3303 Le Briefing -Slavan, vous l’avez amenĂ© ici ? Vous ĂȘtes cinglĂ© ? -C’est vous qui m’avez dit de le sortir des Ops, et je vous le sers sur un plateau. Qu’est ce qu’il vous faut de plus ? -Vous pensiez Ă  quoi imbĂ©cile ? Que je lui fasse mettre une balle dans la tĂȘte en pleine rĂ©ception ? Je vous avez dit de le dĂ©brancher, pas de le coller dans votre garde rapprochĂ©e. Il est encore plus entourĂ© maintenant! -Donc ? -Donc rien , je vais rĂ©flĂ©chir. Merci de ne plus prendre d’initiative sans me consulter dĂ©sormais. -A part ca Venegana est sous contrĂŽle de rien merci. La FĂ©dĂ©ration et l’Empire veulent nous faire la peau. Je pense avoir fait correctement ma part du deal. De votre cĂŽtĂ© je ne vois toujours rien venir. Vous attendez quoi ? -Notre sponsor a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  rĂ©activer la cellule. Il ont repris l’entraĂźnement ici mĂȘme il y a deux jours si vous avez lu la presse
 -Ok c’était eux ? TrĂšs bien. -TrĂšs bien mais il va falloir faire plus Slavan. Avec les derniĂšres nouvelles sur le front des ThargoĂŻds, les superpuissances ont lĂąchĂ© le focus sur nous. -Qu’est ce que vous suggĂ©rez ? -Vous allez rendre des petites visites diplomatiques pour “calmer le jeu” avec eux d’ici quelques jours, le temps de vous organiser. -Je pensais qu’on cherchait l’inverse justement. Vous ĂȘtes complĂštement fou, Brice. -Je vais m’arranger pour que cela serve nos affaires. Je ne vous en dirai pas plus, vous ĂȘtes capables de tout faire foirer. Retournez donc boire quelques cocktails et faire le pitre avec nos hĂŽtes. Vous ĂȘtes douĂ©s pour ça. -Brice? -Oui monsieur le Porte Parole ? -Vous n’ĂȘtes qu’un sale con.

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1LĂ©onora Miano est une Ă©crivaine franco-camerounaise dont les Ɠuvres rĂ©centes mettent en scĂšne des personnages qu’elle qualifie d’ afropĂ©ens ». Afropea, terme que l’autrice reprend Ă  David Byrne en en inflĂ©chissant le sens, dĂ©signe pour LĂ©onora Miano bien plus qu’une catĂ©gorie de la population – celle des personnes noires qui vivent en Europe et ont Ă  la fois une culture europĂ©enne et africaine ou antillaise – puisqu’elle recouvre un territoire mental » et appelle Ă  la post-occidentalitĂ© » C’est cette maturation progressive de leur parcours identitaire que j’appelle Afropea, un lieu immatĂ©riel, intĂ©rieur, oĂč les traditions, les mĂ©moires, les cultures dont ils sont dĂ©positaires, s’épousent, chacune ayant la mĂȘme valeur. Afropea, c’est, en France, le territoire mental que se donnent ceux qui ne peuvent faire valoir la souche française. C’est la lĂ©gitimitĂ© identitaire arrachĂ©e, et c’est le dĂ©passement des vieilles rancƓurs. C’est la main tendue du dominĂ© au dominant, un geste qui dit qu’on sera libre parce qu’on accepte de libĂ©rer l’autre. C’est l’attachement aux racines parentales parce qu’on se sent le devoir de valoriser ce qui a Ă©tĂ© mĂ©prisĂ©, et parce qu’elles charrient, elles aussi, de la grandeur, de la beautĂ©. C’est la reconnaissance d’une appartenance Ă  l’Europe, mais surtout Ă  celle de demain, celle dont l’histoire s’écrit en ce moment. C’est l’unitĂ© dans la diversitĂ©. C’est un Ă©cho au modĂšle africain amĂ©ricain qui a fourni les figures valorisantes que la France ne donnait pas. C’est la nĂ©cessaire entrĂ©e de la composante europĂ©enne dans l’expĂ©rience diasporique des peuples d’ascendance subsaharienne. C’est une littĂ©rature Ă  venir, mais aussi des arts visuels ou des musiques. C’est ce que l’Europe peut encore espĂ©rer produire de neuf, sans doute sa derniĂšre chance de rayonner. C’est le commencement de la post-occidentalitĂ©, qui n’est pas la nĂ©gation du substrat europĂ©en, mais sa transformation. Miano 2012b 86-87 1 Il s’agit donc de penser Ă  travers les termes de race, de racialisation ou de personnes racisĂ©es d ... 2Il s’agit donc par ce terme de penser non pas la rencontre des cultures europĂ©ennes et africaines, mais leur symbiose, et la possibilitĂ© d’une construction d’un espace mental unifiĂ© reconnaissant leurs influences rĂ©ciproques anciennes dans un geste d’apaisement, ce qui mĂšnerait Ă  la post-occidentalitĂ© » puisqu’alors il n’y aurait plus de sens Ă  dĂ©finir une culture occidentale par opposition Ă  d’autres cultures. Écrits pour la parole est un recueil de monologues dans lesquels LĂ©onora Miano donne Ă  entendre des voix de femmes, d’hommes et d’enfants afropĂ©ennes vivant en France. La multiplicitĂ© de ces textes relativement courts permet Ă  l’autrice de prĂ©senter des sujets Ă©nonciateurs variĂ©s, qui ont pour seul point commun, outre la langue française, le fait de se reconnaĂźtre comme noir. Ils peuvent par ailleurs avoir des classes, des genres bien que la majoritĂ© des Ă©nonciateurrices soient des femmes, des Ăąges, des situations familiales et professionnelles diffĂ©rents. J’étudierai la façon dont la racialisation, c’est-Ă -dire le processus social par lequel on attribue Ă  un groupe d’individus des caractĂ©ristiques raciales1, donne forme aux textes indĂ©pendamment des thĂšmes abordĂ©s, la race, pensĂ©e comme construction sociale, influe sur la maniĂšre dont les personnages s’expriment, LĂ©onora Miano donnant Ă  lire, dans la construction Ă©nonciative de ses textes, des manques identitaires et un dĂ©sir de partage qui rejoint ce que l’autrice appelle Afropea ». 3Il faut d’emblĂ©e souligner le caractĂšre littĂ©raire de ces textes, ce qui a deux implications principales sur le discours qu’on y lit d’abord, ces textes ont en prioritĂ© une fonction esthĂ©tique ; ensuite, ils mettent en scĂšne des Ă©nonciateurs seconds, inventĂ©s par LĂ©onora Miano. Il ne s’agit donc pas ici d’étudier les discours de personnes racisĂ©es, mais plutĂŽt la façon dont LĂ©onora Miano, dans son travail d’écrivaine, fait entendre la racialisation dans son discours c’est une Ă©tude des procĂ©dĂ©s littĂ©raires qui permet de traduire sur le plan discursif la question de la race, laquelle est souvent Ă©ludĂ©e du discours public et politique – pensons notamment Ă  la dĂ©cision de supprimer le mot race » de la constitution française en 2018, Ă  la suite d’un amendement proposĂ© par La RĂ©publique en Marche. Or pour LĂ©onora Miano, ne pas dire la race, c’est Ă©luder le problĂšme plutĂŽt que de le rĂ©gler, comme je le montrerai dans la suite de cet article. 2 On peut se rĂ©fĂ©rer, par exemple, Ă  Marie-Anne Paveau, Politique du silence. Les femmes et les en ... 3 LĂ©onora Miano, Habiter la frontiĂšre, Ma ponctuation n’est pas toujours orthodoxe. Elle cherche d ... 4La racialisation subie par une partie de la population se traduit d’abord par une impossibilitĂ© de se dire le titre Écrits pour la parole dit bien que le texte a pour ambition de gĂ©nĂ©rer de la parole, de combler un manque de la parole, ce que confirme la dĂ©dicace de la premiĂšre section, aux cris inaudibles, aux paroles proscrites » Miano 2012a 10. Les mots sur la race, dont la dimension taboue en France n’est plus Ă  dĂ©montrer Paveau 2019, s’énoncent avec peine, et ce d’autant plus quand les Ă©nonciatrices sont des femmes, incitĂ©es socialement en tant que telles Ă  la discrĂ©tion et Ă  la soumission2. Ensuite, je verrai que ces textes sont habitĂ©s par un manque identitaire et un sentiment de vide, qui se traduit sur le plan formel par un effet de chute le sens du texte ne se rĂ©vĂšle qu’à la fin, ou implicitement. Jusqu’à la derniĂšre ligne, lae lecteurrice est consciente que quelque chose lui manque pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce qu’elleil lit. Enfin, la race donne au texte sa scansion, inspirĂ©e du jazz, d’aprĂšs les dires de LĂ©onora Miano3 cette musique est pour l’autrice un modĂšle de la rencontre des cultures afro-descendantes, africaines et occidentales. Elles sont ainsi Ă  l’image du territoire mental que LĂ©onora Miano appelle AfropĂ©a ». La difficultĂ© de dire la race et poĂ©tique de l’ellipse 4 J’utilise la majuscule ici pour suivre l’usage de LĂ©onora Miano dans son texte. La majuscule souli ... 5Norman Ajari dans La DignitĂ© ou la mort 2019 montre comment les Noirs4 subissent une forme d’injonction Ă  taire l’histoire coloniale et les marques qu’elle a laissĂ©es dans leur prĂ©sent. Plusieurs textes d’Écrits pour la parole donnent Ă  lire ce tabou sur les questions de race. DiffĂ©rents procĂ©dĂ©s, au premier rang desquels l’ellipse, font ainsi entendre le silence dans les textes. La fragmentation et rĂ©pĂ©tition de la phrase Plusieurs textes Ă©noncent une seule phrase dont les fragments sont rĂ©pĂ©tĂ©s inlassablement. Ainsi, le texte Monnerville » se prĂ©sente comme suit Gaston Monnerville pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas Pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu Gaston Monnerville pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu Pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu Pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu Pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu Pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu PrĂ©sident pourquoi Monnerville Gaston pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu PrĂ©sident de la RĂ©publique PrĂ©sident de la RĂ©publique française Gaston Monnerville. Miano 2012a 11 6Les mots de la phrase Pourquoi Gaston Monnerville n’est-il pas devenu PrĂ©sident de la RĂ©publique française » sont introduits fragment par fragment, entrecoupĂ©s par le nom propre de Gaston Monnerville. Pour comprendre le sens implicite de cette question, il est nĂ©cessaire de connaĂźtre Gaston Monnerville, ce qui n’est sans doute pas le cas de de LĂ©onora Miano. On peut alors considĂ©rer qu’il y a une ellipse, rendue sensible par le fait que le nom propre de Gaston Monnerville n’est pas contextualisĂ©. Gaston Monnerville, homme politique français noir, a occupĂ© de nombreux postes dĂ©putĂ© de la Guyane, PrĂ©sident du Conseil de la RĂ©publique, PrĂ©sident du SĂ©nat. La question posĂ©e ici est rhĂ©torique, puisqu’elle laisse entendre que c’est en raison de sa race qu’il n’a pas Ă©tĂ© PrĂ©sident de la RĂ©publique. Il y a ici une seconde ellipse, celle de la rĂ©ponse implicitement contenue par la question. Cette question de la racialisation et de ses consĂ©quences sur l’écriture de l’histoire puisqu’on ne connaĂźt pas, ou peu, Gaston Monnerville et sur la carriĂšre politique de cet homme, est donc triplement Ă©ludĂ©e il n’est pas dit que Gaston Monnerville est noir, la rĂ©ponse Ă  la question est sous-entendue, et le texte lui-mĂȘme semble refuser de poser cette question, qui touche Ă  un tabou. 5 Pour une dĂ©finition de l’intersectionnalitĂ©, on renvoie Ă  KimberlĂ© Williams Crenshaw, Mapping th ... 7Le mĂȘme procĂ©dĂ© de rĂ©pĂ©tition de fragments textuels est reproduit dans d’autres textes et dĂ©nonce des processus d’assignations intersectionnels, c’est-Ă -dire associant les discriminations de race, de classe et de genre5. Projections », par exemple, dĂ©nonce l’absence de modĂšle fĂ©minin noir qui ne soit pas animalisĂ© ou exotisĂ© dans le paysage culturel français. D’autres fois, cette rĂ©pĂ©tition de fragments textuels permet de dĂ©noncer des prĂ©jugĂ©s misogynes, par exemple dans On ne se fait pas » sur la prĂ©tendue responsabilitĂ© de la victime de viol. Énonciation Ă  la deuxiĂšme personne du singulier 8Plusieurs textes sont Ă©crits Ă  la deuxiĂšme personne du singulier, ce qui est d’autant plus surprenant qu’ils sont des monologues, pensĂ©s pour ĂȘtre rĂ©citĂ©s sur scĂšne, donc incarnĂ©s par une acteurrice. Ainsi, dans Couleur », une femme raconte que petite fille, elle rĂȘvait qu’elle Ă©tait blanche Petite fille, tu te voyais blanche dans tes rĂȘves, tu savais que c’était toi, la seule chose, c’est que tu Ă©tais blanche, il y avait une balançoire dans le jardin, de l’herbe verte autour, des pĂąquerettes comme des sourires au milieu des touffes d’herbe, tu Ă©tais heureuse lĂ , tournait le dos Ă  la maison, une petite bĂątisse en bois jamais habitĂ©e dans la rĂ©alitĂ©, seulement dans tes rĂȘves, elle Ă©tait bleue, pas vraiment, tu dirais indigo, ce qui semble curieux pour les murs d’une maison mais c’était ainsi, un rosier grimpant Ă  fleurs rouges courait le long de la façade, Ă  droite la porte d’entrĂ©e peinte dans les mĂȘmes tons que les murs, si bien qu’on ne la distinguait pas, tu crois qu’il n’y avait pas de fenĂȘtre. 2012a 11 9La premiĂšre phrase du monologue multiplie les marques de la deuxiĂšme personne du singulier tu, te, tes, tu, toi, tu. La suite dĂ©peint une image trĂšs courante du bonheur familial, avec une petite fille, une balançoire, , une pelouse, des pĂąquerettes, une maison en bois, des roses. L’aspect conventionnel de la description peut faire penser que le rĂȘve est socialement imposĂ© Ă  la petite fille, qu’il ne lui appartient pas en propre. De mĂȘme, la narration Ă  la deuxiĂšme personne marque aussi cette lacune, cette distance de soi Ă  soi ressentie par la petite fille. On peut aussi considĂ©rer que le tu » reprĂ©sente le regard d’une personne adulte sur son enfance dans les deux cas il s’agit d’une mise Ă  distance. Ce dysfonctionnement est rendu sensible dans le texte par la focalisation sur les couleurs, qui se font de plus en plus obsĂ©dantes d’abord, on nous prĂ©cise que l’herbe est verte, ce qui ne semble pas nĂ©cessaire. Puis on apprend que les roses sont rouges ainsi, ce qui s’appelle rose » n’est pas rose, mais rouge, signe discret d’une inadĂ©quation. Enfin, la maison est bleue, ou plutĂŽt indigo, ce qui n’est pas une couleur adaptĂ©e pour la maison, comme le note la narratrice. Ce malaise sur les couleurs rejoint celui de la petite fille noire qui se rĂȘve blanche. Un deuxiĂšme rĂ©cit se fait Ă  la deuxiĂšme personne du singulier, CommunautĂ© », qui commence ainsi Tout le monde en parle, de la communautĂ©, de ta communautĂ©, et si tout le monde en parle tellement depuis un certain temps, c’est surtout pour dire que ce ne serait pas bien qu’elle existe, ta communautĂ©, parce que ce n’est pas la tradition d’ici, parce que ce serait contraire aux idĂ©aux d’ici. 2012a 29 10La deuxiĂšme personne est mise en valeur par la reformulation la communautĂ©, ta communautĂ© », et la rĂ©pĂ©tition de ta communautĂ© ». De plus, la deuxiĂšme personne s’oppose ici Ă  une norme, qui s’incarne dans le tout le monde », faussement inclusif puisqu’on comprend peu Ă  peu qu’il dĂ©signe un ensemble de personnes blanches qui se pensent reprĂ©sentatives de la totalitĂ© du genre humain. On retrouve ce faux universel dans le ici », dĂ©ictique qui ne renvoie Ă  rien d’un point de vue intratextuel, mais qui semble dĂ©signer le territoire français hexagonal. Le fait de ne pas mentionner ce Ă  quoi renvoie ce ici » tĂ©moigne d’un attachement vĂ©cu comme Ă©vident de ce tout le monde » Ă  l’hexagone, attachement qui n’est pas Ă©vident pour le tu », comme le montre la suite du texte. On reconnaĂźt, particuliĂšrement dans ce deuxiĂšme texte, une forme littĂ©raire de la double conscience » thĂ©orisĂ©e comme l’expĂ©rience fondatrice des Noirs en Occident d’aprĂšs W. E. B. Du Bois C’est une sensation bizarre, cette conscience dĂ©doublĂ©e, ce sentiment de constamment se regarder par les yeux d’un autre, de mesurer son Ăąme Ă  l’aune d’un monde qui vous considĂšre comme un spectacle, avec un amusement teintĂ© de pitiĂ© mĂ©prisante. Chacun sent constamment sa nature double – un AmĂ©ricain, un Noir ; deux Ăąmes, deux pensĂ©es, deux luttes irrĂ©conciliables ; deux idĂ©aux en guerre dans un seul corps noir, que seule sa force inĂ©branlable prĂ©vient de la dĂ©chirure. 2004 11 11Le Noir en Occident, durant l’esclavage et la colonisation, se sait humain mais est pensĂ© comme moins humain qu’un Blanc par les Blancs il doit alors vivre avec cette double perception de lui-mĂȘme, cet Ă©cart entre son auto-perception et la perception d’autrui-Blanc sur lui, cette position d’altĂ©ritĂ© interne Ă  la sociĂ©tĂ© occidentale », comme le formule RaphaĂ«lle Tchamitchian Ă  la suite de W. E. B. Du Bois Tchamitchian 2019 32, ce que Miano met en scĂšne Ă  la fin du texte CommunautĂ© » Tu as ce truc en plus, tu voudrais voir les choses autrement mais c’est comme ça qu’elles sont, tu ne peux pas laisser ta couleur dans le confort de la sphĂšre intime, tu l’emmĂšnes partout avec toi, pour te dĂ©crire on est bien obligĂ© de dire le mot noir, et ce n’est pas toi qui en as fait toute une affaire, ce sont les autres, ceux qui n’ont pas de couleur, ceux qui disent black pour adoucir l’embarras et qui, Ă  force de prĂ©tendre ne pas distinguer ta pigmentation, ont fini par ne pas te voir du tout, toi l’individu. 2012a 38 12Le tu » est devenu toi l’individu », celui qui est oubliĂ© par le regard raciste, regard de celui qui est angoissĂ© par la pigmentation foncĂ©e au point de ne plus oser utiliser le mot noir ». Le toi l’individu » est perçu avec le toi noir », ce dont lae narrateurrice ne fait pas toute une affaire ». La narration Ă  la deuxiĂšme personne du singulier, rĂ©citĂ©e par une acteurrice, rend sensible cette double conscience c’est un je » qui parle dans le prĂ©sent de la mise en scĂšne, mais il parle en se voyant Ă  travers les yeux de l’autre comme un tu ». Glissement Ă©nonciatif 13Cette double conscience est aussi traduite par le jeu des voix narratives. Ainsi, dans CommunautĂ© » toujours, la voix de la narratrice principale est rĂ©guliĂšrement habitĂ©e par des expressions Ă©manant d’une doxa blanche raciste, avec un procĂ©dĂ© qu’on peut assimiler au discours indirect libre. Le dĂ©but du texte, citĂ© prĂ©cĂ©demment, en est un bon exemple, puisque le dĂ©ictique ici » et le tout le monde » renvoie Ă  un locuteur blanc, qui n’est pas celui ou celle que dĂ©signe le tu ». La suite confirme cette interprĂ©tation [P]arce que la RĂ©publique ne connaĂźtrait que les individus, pas les groupes, pas ces masses de gens qui prĂ©tendent avoir quelque chose de spĂ©cifique en commun, parce que ce qui est spĂ©cifique nuit Ă  tout le reste dĂšs lors qu’un groupe le revendique, que tout ça devrait rester bien au chaud dans la sphĂšre intime, lĂ  oĂč tu as le droit, aprĂšs tout, de manger ton ndolĂ©, ton court-bouillon, toutes les sauces graines que tu veux, sans que personne ne t’en empĂȘche, alors on ne comprend pas pourquoi tu nous prends le chou avec ces histoires de ta communautĂ©, dans ce pays qui n’est pas sĂ©grĂ©guĂ©. 2012a 29 14Le conditionnel connaĂźtrait » fait encore entendre une double Ă©nonciation, dans laquelle la voix du ou de la narrateurrice dĂ©signĂ©e par tu » remet en cause une autre voix, Ă©manant d’une forme de doxa raciste. Cependant, peu Ă  peu cette ubiquitĂ© se rĂ©sorbe pour ne laisser entendre que la voix raciste le verbe prĂ©tendent » sous-entend que cette spĂ©cificitĂ© noire est mensongĂšre, le modalisateur devrait » se fait moralisateur, et finalement le on » de on ne comprend pas » donne un pronom Ă  cette voix, avant de lui attribuer la capacitĂ© Ă  Ă©noncer des vĂ©ritĂ©s grĂące au prĂ©sent de l’indicatif de ce pays qui n’est pas sĂ©grĂ©guĂ© ». On passe donc d’une Ă©nonciation double, qui donne Ă  entendre la double conscience » de W. E. B. Du Bois, Ă  une forme d’ Ă©nonciation ventriloque », dĂ©finie ainsi par Marie-Anne Paveau C’est un mĂ©canisme tout Ă  fait analogue d’invisibilisation et de rĂ©duction au silence qui prĂ©side Ă  un autre procĂ©dĂ© d’ordre Ă©nonciatif qui fait florĂšs en ce moment dans la vie politique et mĂ©diatique française et qu’on peut appeler, en termes communs, parler Ă  la place des autres ». Cette forme Ă©nonciative cible particuliĂšrement les individus habituellement minorisĂ©s, voire stigmatisĂ©s, et parfois vulnĂ©rables les femmes, les individus racisĂ©s, les musulmanes. Et elle est, sans surprise, plutĂŽt adoptĂ©e par des dominantes, non racisĂ©es, non stigmatisĂ©es, et n’appartenant pas Ă  des minoritĂ©s, visibles ou invisibles. 2016 15Ainsi, certaines expressions semblent bien ĂȘtre reprises Ă  cette Ă©nonciation ventriloque ». On a donc dans ce texte la confrontation de la situation telle qu’elle est Ă©noncĂ©e par la personne concernĂ©e et telle qu’elle est Ă©noncĂ©e par un autre Blanc et raciste. L’écart est parfois soulignĂ© avec ironie, comme dans en traĂźnant avec toi un autre humain colorĂ©, vous seriez un gang Ă  vous deux Miano 2012a 35 » qui reprend le un gang ethnique menaçant la cohĂ©sion rĂ©publicaine qui ne se laissera pas faire parce qu’elle est souveraine » 32. L’écriture du manque 16La langue de LĂ©onora Miano est ici caractĂ©risĂ©e par l’expression du manque. Ce qui est dit semble tracer les contours de ce qui devrait ĂȘtre dit mais qui est passĂ© sous silence. Si cela rejoint la difficultĂ© de dire la race, que j’ai Ă©voquĂ©e dans la premiĂšre partie, je voudrais montrer ici que ce vide reflĂšte un sentiment de malaise identitaire, de dĂ©possession de soi, ressenti par de nombreuxses narrateurrices. La violence en creux 17La violence raciste subie par les narrateursrices est parfois implicite durant toute la durĂ©e du monologue. Par exemple, PulchĂ©rie » donne la parole Ă  une femme qui affirme son appartenance Ă  la France et Ă  la culture française, tout en faisant entendre, par ses africanismes, le fait qu’elle a grandi en Afrique, dĂšs les premiĂšres phrases Moi, j’étais intĂ©grĂ©e avant de venir ici, donc, il ne faut pas me fatiguer avec ces histoires-lĂ . Je n’ai pas le temps. C’est mĂȘme quoi ça » 2012a 19. L’usage du verbe fatiguer » et la formule c’est mĂȘme quoi ça » tĂ©moigne discrĂštement d’un usage du français du Cameroun. On retrouve de nouveau le dĂ©ictique ici » qui n’a pas besoin de rĂ©fĂ©rent, ce qui sous-entend que la France est la seule rĂ©fĂ©rence commune Ă©vidente. A contrario, l’endroit oĂč la narratrice a grandi, le Cameroun, est Ă©voquĂ© seulement Ă  la deuxiĂšme page du texte, au dĂ©tour d’une rĂ©fĂ©rence Ă  la CRTV, la tĂ©lĂ©vision nationale du Cameroun » 20. La narratrice revient alors sur cette intĂ©gration » dont elle parle au dĂ©but du texte L’intĂ©gration, c’est quand tu parles français. Donc, c’est bon. Je suis dedans. On m’a bien chicottĂ©e Ă  l’école pour que je parle cette langue. Les parents Ă©taient d’accord pour qu’on nous fouette. Il fallait parler français. Quand la rĂšgle en fer du maĂźtre faisait gonfler tes doigts, c’était le français qui pĂ©nĂ©trait dans ta chair. Ibid. 19 18La violence physique dĂ©crite ici n’est pas condamnĂ©e par la narratrice. Celle-ci en fait mĂȘme un motif de fiertĂ©, puisqu’elle est scandalisĂ©e, au nom de cette culture française, par l’exposition d’Ɠuvres contemporaines de Takashi Murakami au chĂąteau de Versailles, qu’elle visite parce qu’elle est accompagnatrice scolaire On avait versĂ© une cargaison de bĂȘtise dans tout Versailles, comme si on voulait seulement gĂąter ça dĂ©finitivement. J’ai demandĂ© qui avait fait du vilain comme ça. On m’a donnĂ© un nom compliquĂ© Takashi quelque chose. Je ne vais mĂȘme pas m’embrouiller Ă  retenir le nom du type-lĂ . Tout ce que je peux dire, c’est que lui, il n’est pas intĂ©grĂ©. On ne l’a pas chicottĂ© pour faire entrer la France dans son corps. On le reçoit Ă  Versailles, mais il s’en fout de la France. Il n’a pas rĂȘvĂ© de la France. Je n’ai pas beaucoup parlĂ©. J’ai seulement pensĂ© que, si c’était moi qui exposais lĂ -bas, je n’allais pas remplir Versailles avec n’importe quoi. J’ai du respect. VoilĂ  alors comment les Français dĂ©rangent les gens avec l’intĂ©gration, alors que, la France, ils ont oubliĂ© ce que c’est. Ibid. 21 19Le jugement catĂ©gorique de la narratrice sur l’exposition se fait au nom du respect » de la France. Ce terme de respect », mis en valeur par le fait qu’il n’a pas de complĂ©ment respect pour quelque chose, peut s’entendre aussi comme le respect qu’on a pour le maĂźtre violent dĂ©crit un peu plus haut. L’expression, On ne l’a pas chicottĂ© pour faire entrer la France dans son corps », qui reprend le verbe chicottĂ© » au contexte scolaire dĂ©crit plus haut, permet ce rapprochement. De plus, la mĂ©taphore dans son corps », qui renouvelle aussi l’image du français qui pĂ©nĂ©trait dans ta chair », Ă©voque un viol. La violence transparaĂźt dans les images et la polysĂ©mie de certains mots, mais n’est jamais clairement remise en question par la narratrice. La derniĂšre phrase fait mĂȘme de la narratrice la derniĂšre dĂ©tentrice de ce qu’est la France » cela, associĂ© Ă  la phrase Il n’a pas rĂȘvĂ© de la France » laisse entendre un fantasme français longtemps nourri, et un certain complexe du colonisĂ©, tel que l’a thĂ©orisĂ© Frantz Fanon qui Ă©crit Aussi pĂ©nible que puisse ĂȘtre pour nous cette constatation, nous sommes obligĂ© de la faire pour le Noir, il n’y a qu’un destin. Et il est blanc » 1952 10. Il entend par lĂ  que celui ou celle qui est reconnue comme noire cherche Ă  ne plus l’ĂȘtre, c’est-Ă -dire Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un ĂȘtre humain capable d’une pensĂ©e universelle. Ce livre, qui a plus de soixante-dix ans, tĂ©moigne d’un complexe dont on espĂšre qu’il a Ă©tĂ© partiellement dĂ©construit, mais dont les traces perdurent, comme en tĂ©moignent les textes de LĂ©onora Miano. On peut en effet considĂ©rer que rĂȘver de la France » c’est s’approprier un systĂšme de valeurs qui s’autoproclame universel. 20La violence subie par la narratrice est donc profondĂ©ment intĂ©riorisĂ©e et inconsciente elle transparaĂźt dans sa langue sans jamais donner lieu Ă  des remises en question. Par son travail de la langue, Miano donne Ă  sentir le manque identitaire qui caractĂ©rise ses protagonistes. DĂ©voilement progressif 21Dans d’autres textes, la violence se fait voir peu Ă  peu. Ainsi, le texte ÉgalitĂ© » 2012a 51 donne la parole Ă  une narratrice qui rejette diffĂ©rents tĂ©moignages d’amour, ce qui peut sembler, Ă  premiĂšre vue, Ă©trange Je ne veux plus qu’on m’aime Qu’on me sourie Qu’on m’invite au restaurant Qu’on me tienne la porte Qu’on m’offre des fleurs Je m’en fous Oui Je m’en fous Parfaitement Je ne veux plus qu’on m’aime ». L’explication se fait jour progressivement Si je ne peux pas me loger travailler me rĂ©aliser arriver tout en haut Je ne veux plus qu’on m’aime si je ne suis pas dans les livres d’Histoire dans les livres tout court À la tĂȘte des institutions et de tout ce qui a une tĂȘte » 51. C’est que sous l’amour dont tĂ©moigne le dĂ©but du texte, se trouve le mĂ©pris. 6 En plus des travaux de KimberlĂ© Crenshaw Ă  qui on attribue la maternitĂ© du concept, on peut renvoy ... 22Plus loin, l’amour reçu par la narratrice se rĂ©vĂšle raciste elle n’est aimĂ©e qu’en tant que femme noire, fantasme exotique permettant Ă  l’homme d’assurer son statut dominant Je m’en fous qu’on me Courtise Qu’on me trouve sensuelle avec ma voix grave ma cambrure ma peau ambrĂ©e mes fesses rebondies ma peau d’ébĂšne mon port de tĂȘte ma peau mes jolies tresses ma peau et tout le reste Qui n’est pas moi d’ailleurs mais c’est un autre dĂ©bat » id.. Les quatre rĂ©pĂ©titions de ma peau » induisent la fascination raciste qui anime le regard aimant. De plus, l’insistance sur la cambrure, les fesses, les tresses et le port de tĂȘte dĂ©peint une image stĂ©rĂ©otypĂ©e de la femme africaine largement dĂ©noncĂ©e par les fĂ©ministes intersectionnelles6. 23L’expression de la convivialitĂ© se fait alors mĂ©taphore de la violence Je ne veux plus qu’on trinque Qu’on se taille une bavette Qu’on se fasse une raclette Ni rien J’en ai soupĂ© de la fraternitĂ© sans Ă©galitĂ© » id.. L’expression on trinque » peut signifier aussi on souffre ». La confrontation des divers niveaux de langue traduit aussi cette fausse jovialitĂ© qui vient dissimuler des rapports de force. La mĂȘme ambiguĂŻtĂ© se retrouve dans j’en ai soupĂ© » qui fait le lien entre les invitations au restaurant et la lassitude de la narratrice. Le verbe tailler », dont le sens actualisĂ© ici est le sens mĂ©taphorique, laisse pourtant, dans ce contexte, entendre son sens littĂ©ral et Ă©voque alors une forme de violence. Ce n’est que dans les derniĂšres lignes du texte que le thĂšme annoncĂ© par le titre est Ă©voquĂ© J’en ai soupĂ© de la fraternitĂ© sans Ă©galitĂ© Ce serait quoi la fraternitĂ© si ça ne marquait pas avec l’égalitĂ© Ce serait quoi la fraternitĂ© ce serait quoi Ă  part une plaisanterie douteuse La fraternitĂ© si ça ne marchait pas avec l’égalitĂ© » 51. 24Ce texte aborde seulement par l’implicite l’impression d’ĂȘtre mĂ©prisĂ©e, de ne pas avoir la possibilitĂ© de s’exprimer, sauf Ă  s’adapter Ă  un stĂ©rĂ©otype avilissant de femme noire sensuelle la langue de Miano permet ainsi de donner corps Ă  la sensation de manque identitaire qui anime la narratrice. Effets de chute et sentiment de mort 25Enfin, il arrive que la violence soit dĂ©voilĂ©e seulement par la fin du texte, ce qui crĂ©e un effet de chute. Il permet, dans les deux exemples que je vais prĂ©senter, de tĂ©moigner du sentiment de mort et de dĂ©possession de soi que peut gĂ©nĂ©rer le racisme. Par exemple, le premier monologue, Couleur », Ă©voque longuement un rĂȘve de petite fille que j’ai dĂ©jĂ  commentĂ©, pour se terminer par l’envie d’en finir, en silence » 2012a 14 cette derniĂšre phrase projette sur le rĂ©cit du rĂȘve tout son poids de malheur, confĂ©rant Ă  l’extrait une dimension tragique. De plus, la prĂ©cision en silence » souligne le non-dit de la tristesse dans ce qui prĂ©cĂšde. 26Le texte Forum des Halles » relate l’expĂ©rience d’une narratrice noire qui est accostĂ©e par des femmes roms lui proposant de la voyance. Ces derniĂšres lui affirment qu’elle a besoin d’aide parce qu’il y a un voile noir ». La narratrice analyse la dimension raciste du propos. Elle parvient Ă  avoir une perception gĂ©nĂ©ralisante de la situation, comprenant qu’elle est visĂ©e en tant que femme noire, indĂ©pendamment de son individualitĂ© Elles se dirigent spontanĂ©ment vers les femmes noires Je m’en aperçois chaque fois que je passe par lĂ  ». Elle rĂ©ussit Ă  rĂ©pondre avec ironie Je hausse les Ă©paules Je leur dis que Dans ce cas elles ne peuvent rien voir S’il y a un voile ». Enfin, elle protĂšge sa personnalitĂ©, se dissocie des paroles des femmes roms Elles ne peuvent pas me voir telle que je suis Elles ne peuvent rien savoir de moi ». Cette attitude de rĂ©sistance et de prise de distance est pourtant fortement nuancĂ©e par la chute En les quittant Les femmes roms de la Porte Lescot J’ai le sentiment d’avoir Ă©tĂ© enterrĂ©e vivante » 2012a 66. La mĂ©taphore du voile noir » qui traverse tout le texte change de signification dans la bouche des femmes roms, il est signe de malĂ©diction ; au contraire, la narratrice y voit une mĂ©taphore du racisme, qui empĂȘche les femmes roms de percevoir son individualitĂ©. Elle rejette alors ce racisme avec ironie ; et pourtant, dans la chute, ce voile noir se fait linceul inversĂ© le linceul, traditionnellement blanc, devient noir. Cette inversion rassemble finalement les deux premiĂšres significations en une seule bien que la narratrice soit capable de comprendre la dimension raciste du propos des femmes roms, elle intĂšgre pourtant l’idĂ©e d’une malĂ©diction, qui ne serait pas la couleur de la peau mais le racisme qui y est attachĂ©. Il faut ajouter que LĂ©onora Miano utilise une mĂ©taphore reprise Ă  W. E. B. Du Bois pour dĂ©crire la façon dont les Noirs perçoivent le monde, signifiant que leur perception est construite par l’expĂ©rience du racisme, ce qui semble bien ĂȘtre le cas de la protagoniste, malgrĂ© sa conscience du phĂ©nomĂšne. Ce texte utilise donc l’effet de chute pour montrer, au cƓur mĂȘme de la rĂ©sistance et de la prise de distance, le sentiment de mort et de dĂ©possession de soi imposĂ© aux victimes du racisme. 27Les deux exemples que je viens d’évoquer dĂ©crivent un sentiment de mort ressenti par les narratrices. C’est sur ce ressenti que se construit, d’aprĂšs Nathalie Etoke, la melancholia africana, qu’elle dĂ©crit ainsi EsthĂ©tique du malheur et de la souffrance confrontĂ©e au refus de mourir, la melancholia africana est un concept extensible qui examine comment les Subsahariens et les Afrodescendants gĂšrent la perte, le deuil et la survie dans une pratique du quotidien contaminĂ©e par le passĂ©. C’est aussi l’expression d’un ĂȘtre dans son monde et dans le monde de l’Autre. Cette coexistence se caractĂ©rise par des dĂ©sĂ©quilibres et des conflits hĂ©ritĂ©s de la rencontre originelle qui parasitent la dynamique relationnelle. [
] Ici la traite nĂ©griĂšre, l’esclavage, la colonisation et la postcolonisation sont des points de repĂšres objectifs, tangibles et implacables. Au lieu de paralyser les Subsahariens et les Afrodescendants dans une victimisation permanente, ils les obligent Ă  agir, Ă  se rĂ©inventer, Ă  renaĂźtre de leurs cendres. L’ouverture au monde de l’autre a lieu Ă  travers l’épreuve de la destruction, de la douleur et de la faiblesse. Paradoxalement, cette triade de la vie surgit de l’anĂ©antissement. 2012 28 28La richesse de cette analyse est de faire de l’épreuve de la destruction, de la douleur et de la faiblesse », que j’ai mise en valeur dans cette partie, la condition d’une renaissance. Chez LĂ©onora Miano, cette renaissance se traduit souvent par l’évocation du jazz et du blues, formes de crĂ©ation artistique qui prennent racine dans l’esclavage et la sĂ©grĂ©gation. Jazz 29LĂ©onora Miano revendique l’influence du jazz sur son Ă©criture elle dĂ©clare par exemple Le jazz m’a donnĂ© ma voix d’auteur » 2012b 17. Pour elle, cette musique est celle de la rencontre entre diffĂ©rentes cultures C’est la rencontre de la ruralitĂ© du blues avec l’urbanitĂ©, c’est la mutation des rythmes, donc de la vie et, bien entendu, le croisement d’une empreinte africaine – bien plus prĂ©sente dans le blues ou les work songs – avec une forme de sophistication, de raffinement Ă  l’occidentale. Le jazz est cette esthĂ©tique qui mĂȘle harmonieusement des univers apparemment antagonistes » 16-17. Selon cette dĂ©finition, la musique Ă©voque ce que LĂ©onora Miano appelle les identitĂ©s frontaliĂšres » Par ailleurs, nos territoires souffrent d’un dĂ©ficit de traces historiques, Ă©crites notamment, qui ne permet pas de savoir avec certitude quelle Ă©tait la vie de nos ancĂȘtres. Si toutes nos traditions n’ont pas disparu, il n’en demeure pas moins que nos peuples sont, aujourd’hui, devant la nĂ©cessitĂ© de se recrĂ©er, de se rĂ©inventer. C’est un dĂ©fi. Il n’est possible de le relever qu’en acceptant, aussi douloureux que cela puisse sembler quelquefois, d’habiter ces identitĂ©s frontaliĂšres que l’Histoire nous a lĂ©guĂ©es. Nous abritons Ă  la fois ce que la rencontre avec les autres peuples a imprimĂ© en nous, et ce que l’Afrique ne cesse de nous donner. Ibid. 27 30Rejoignant ainsi sa rĂ©flexion sur le concept d’Afropea prĂ©sentĂ© en introduction, Miano revient sur l’inanitĂ© d’opposer cultures africaines et culture occidentale, pour au contraire penser la rencontre comme une association, la frontiĂšre comme un passage. 31Je verrai maintenant comment le jazz, conçu Ă  la fois comme une musique avec ses caractĂ©ristiques formelles et un idĂ©al Ă©thique de rencontre avec l’altĂ©ritĂ©, informe l’énonciation dans Écrits pour la parole. 32Commençons par donner une dĂ©finition, nĂ©cessairement vague, du genre protĂ©iforme qu’est le jazz. RaphaĂ«lle Tchamitchian propose d’en retenir trois traits essentiels, qu’on retrouve dans toutes les mouvances du jazz, de celui de la Nouvelle OrlĂ©ans au free-jazz elle fait part d’un consensus qui s’est Ă©tabli autour de trois qualitĂ©s dĂ©finitoires du jazz entendu comme un genre musical le traitement particulier du son, la mise en valeur spĂ©cifique du temps musical et la prĂ©sence d’improvisation » 2019 23. Le traitement particulier du son auquel elle fait rĂ©fĂ©rence est celui qui ne cherche plus Ă  faire oublier, comme dans la musique classique, le corps de l’interprĂšte et de l’instrument, bruits de bouche et frottements ; elle revient sur le second Ă©lĂ©ment, une mise en valeur inĂ©dite du temps musical appelĂ© le swing » 24 un peu plus loin. Le terme de swing », qui signifie balancement » en anglais, tĂ©moigne d’un jeu, d’un lĂ©ger dĂ©calage avec le temps de la pulsation. Enfin, l’improvisation induit l’originalitĂ© de chacune des performances et la libertĂ© de l’interprĂšte Ă  l’égard de l’Ɠuvre. La cĂ©lĂ©bration de la rencontre 33L’influence du jazz se remarque d’abord dans le traitement de la ponctuation et la syntaxe. En effet, l’absence de point et la prĂ©sence de majuscules imprĂ©visibles, donnent Ă  la phrase une forme de swing, surtout si on imagine une performance orale de ces textes. Les pauses du discours, normalement signalĂ©es Ă  l’écrit par des points, se font moins nettes, ce qu’on pourrait rapprocher d’une façon de marquer les pulsations avec plus de souplesse dans le swing. 34De plus, de nombreux textes jouent avec un systĂšme de rĂ©pĂ©tition incantatoire, ce qui rythme aussi l’énonciation on peut imaginer en effet que l’anaphore de je suis » dans AfropĂ©a », par exemple, invite Ă  inspirer avant, et Ă  faire commencer la phrase Je suis Ne cherche pas ma place la crĂ©e la tienne aussi Je suis N’éprouve ni haine ni crainte Je suis ni haine ni crainte J’écris les pages de mon histoire la tienne » 2012a 28. On voit bien dans cet extrait comment la caractĂ©ristique formelle du swing s’associe Ă  la signification symbolique du jazz la prose swinguĂ©e de Miano ici se fait affirmation d’ĂȘtre par-delĂ  la souffrance, dans une attitude qui rejoint la melancholia africana de Nathalie Etoke l’anaphore je suis », quand elle est suivie d’une majuscule comme dans Je suis Ne cherche pas » ou Je suis N’éprouve ni haine », donne au verbe ĂȘtre une valeur absolue. De plus, on voit aussi dans cet extrait comment la suppression de la ponctuation et l’assouplissement de la syntaxe rendent l’énoncĂ© ambigu par exemple, N’éprouve ni haine ni crainte » peut se lire comme une ellipse du sujet je », et donc un prĂ©sent de l’indicatif, ou comme un prĂ©sent de l’impĂ©ratif. 35L’influence du jazz se fait particuliĂšrement sentir dans ce texte, qui a pour thĂšme un concept cher Ă  Miano, Afropea. L’autrice dĂ©signe par lĂ  un espace mental de rĂ©fĂ©rence pour les AfropĂ©ens, c’est-Ă -dire les Noirs qui se reconnaissent avant tout dans une culture europĂ©enne mais qui sont rĂ©guliĂšrement renvoyĂ©s, parce qu’ils sont noirs, Ă  leur part d’africanitĂ©. Afropea devient alors l’occasion de penser ensemble diffĂ©rentes cultures, de concevoir leur rencontre comme une potentialitĂ© crĂ©ative, et on voit bien en quoi le jazz peut se faire l’image de cet idĂ©al. On lit Mes frontiĂšres assemblent ne sĂ©parent pas assemblent ne tranchent pas assemblent ne dĂ©coupent pas assemblent ne mutilent pas » ibid. 28. Le rythme de la syntaxe peut aussi Ă©voquer le jazz, par le jeu de la rĂ©gularitĂ© et de l’irrĂ©gularitĂ© on entend l’association d’un groupe de trois ou quatre syllabes ne sĂ©parent pas », quatre syllabes ; ne tranchent pas », trois syllabes ; ne mutilent pas », quatre syllabes et de deux syllabes de assemblent » qu’on peut imaginer prononcĂ©es un peu plus fort pour souligner l’insistance induite par la rĂ©pĂ©tition. Le sens quant Ă  lui affirme bien l’idĂ©al du jazz, qui est celui de la rencontre et de la fĂ©condation rĂ©ciproque des cultures. 36D’autres textes cĂ©lĂšbrent aussi la richesse de la rencontre, comme Ourey ». Une narratrice raconte l’histoire de sa famille sur quatre gĂ©nĂ©rations, en mettant en valeur les croisements de nationalitĂ© un arriĂšre-grand-pĂšre qui a Ă©tĂ© tirailleur sĂ©nĂ©galais et une arriĂšre-grand-mĂšre parisienne, une grand-mĂšre paternelle guadeloupĂ©enne, deux grands-parents maternels vietnamiens. La narratrice a donc trois prĂ©noms, qui reflĂštent les diffĂ©rentes cultures dont ses ancĂȘtres sont porteurs Ourey, Garance, Phuong. Cette multiculturalitĂ©, dans un recueil qui aborde largement les problĂšmes de racisme, peut susciter chez le lecteur l’attente d’une Ă©vocation douloureuse ou violente. Au contraire, le texte se termine par Mon nom usuel, c’est Ourey Phuong Fall. Je trouve que ça en jette. Ça a du caractĂšre » ibid. 18. Les cultures s’associent pour former ce je » qui clame ses prĂ©noms et ses racines, et qui les valorise. La prĂ©sence afropĂ©enne en France 37Le jazz n’évoque pas seulement cet idĂ©al solaire de crĂ©ativitĂ© par-delĂ  le malheur et de rencontre harmonieuse de l’altĂ©ritĂ©. Il est aussi, pour Christian BĂ©thune, un dĂ©centrement le jazz oblige la culture occidentale Ă  se dĂ©centrer » 2008 8. En effet, le jazz reprend certains codes de la musique occidentale tonale, mais en les dĂ©formant ainsi, l’improvisation, reconnue dans ses formes diverses comme l’une des caractĂ©ristiques essentielles du jazz, induit un inflĂ©chissement du rapport de l’interprĂšte Ă  l’Ɠuvre et Ă  la partition, si partition il y a encore. De mĂȘme, l’harmonie du jazz peut ĂȘtre analysĂ©e comme une distorsion de l’harmonie tonale, dans le sens oĂč elle privilĂ©gie les accords de quarte et les notes altĂ©rĂ©es. De plus, le jazz, dĂšs sa naissance Ă  la Nouvelle OrlĂ©ans dans les annĂ©es 1910, se construit souvent Ă  partir de standards, qui sont des extraits de musiques rĂ©guliĂšrement tirĂ©s d’un contexte occidental pour ĂȘtre ensuite modifiĂ©s et incorporĂ©s dans un morceau de jazz. Christian BĂ©thune dĂ©clare ainsi que le jazz permet de rendre la pensĂ©e occidentale exotique Ă  elle-mĂȘme » 8. 38On retrouve dans la langue utilisĂ©e par Miano dans ces Écrits pour la parole cette façon de rendre le français exotique Ă  lui-mĂȘme, pour paraphraser Christian BĂ©thune. J’ai dĂ©jĂ  Ă©tudiĂ© les africanismes qui se font entendre dans PulchĂ©rie » pour en donner quelques exemples supplĂ©mentaires, on peut citer Il n’y a pas de honte lĂ  » 2012a 19, La femme-lĂ  m’a suppliĂ©e, jusqu’à. Elle m’a trop suppliĂ©e » 19, ou Ici, les enfants ne se comportent pas » 19. Nul besoin d’une connaissance approfondie du français du Cameroun pour comprendre le sens de ces phrases. Pourtant, on perçoit bien que le code linguistique n’est pas exactement celui du français de l’hexagone. Il se produit alors un effet d’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© inquiĂ©tante, surtout, pour celles et ceux qui se cramponnent Ă  la quĂȘte d’une puretĂ© de la culture occidentale et de la langue française proche de celui que procure le jazz, si on l’écoute en ayant dans l’oreille l’harmonie de la musique tonale occidentale. 39Le texte BinaritĂ© » associe directement le jazz Ă  cette capacitĂ© Ă  la rencontre harmonieuse des cultures, qui donne lieu Ă  une inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© dans la langue française. Ainsi, le texte part d’une assertion qu’il critique Le pays dit Noire ou Française » ibid. 73, pour ensuite dĂ©clarer La binaritĂ© ce n’est pas français Ce n’est pas le mieux Ce n’est pas ce qui groove le plus Ce qui swingue le plus Ce qui promet le plus » 73. Les mĂ©taphores du groove et du swingue Ă©voquent le jazz. Un peu plus loin, cette Ă©vocation du jazz devient une proposition Ă  la transformation de la langue française Le mieux c’est la fusion ; Française noire Le mieux c’est l’addition Française et Noire qui ouvre sur le ternaire puisqu’un troisiĂšme terme en sortira Le mieux c’est la conjonction de coordination Noire de France oĂč la fusion est un Ă©quilibre une perspective une voie sĂ»re » 73. La rĂ©fĂ©rence musicale revient avec le terme ternaire » qui dĂ©signe un type de construction rythmique. La fin du texte permet la rĂ©alisation de ce troisiĂšme terme » Celles qui accouchent de l’à-venir se disent AfropĂ©ennes » 73. Ce terme d’AfropĂ©ennes est aussi porteur d’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© en tant que mot-valise, il est aisĂ© Ă  comprendre, mĂȘme pour celle ou celui qui le lit pour la premiĂšre fois, et pourtant, il n’est pas tout Ă  fait entrĂ© dans le dictionnaire. Il en est de mĂȘme pour l’à-venir » qui se confond avec avenir » Ă  l’oral mais laisse lire son Ă©trangetĂ©. Conclusion 40Dans Écrits pour la parole LĂ©onora Miano multiplie les Ă©nonciateurices. Cela lui permet d’explorer les diffĂ©rentes façons de faire entendre la racialisation dans les discours elle met tour Ă  tour en scĂšne le tabou qui pĂšse sur les questions de race, le poids de violence des mots racistes, et la possibilitĂ© crĂ©ative d’une culture afropĂ©enne dans la langue française. 41Il me semble que la force de ces textes est de faire avec ces questions sociologiques Ɠuvre littĂ©raire au-delĂ  d’une comprĂ©hension rationnelle des processus sociaux Ă  l’Ɠuvre dans la racialisation, ce que sans aucun doute un essai de sociologie aurait pu nous apprendre aussi, LĂ©onora Miano nous fait ressentir le poids de cette racialisation, nous fait faire corps et Ăąme avec les protagonistes qui font entendre leur voix. En donnant voix, par le texte et bien plus par la mise en scĂšne, elle propose aussi un geste d’empowerment le fait mĂȘme de dire la racialisation devient geste d’affirmation face Ă  l’injonction au silence. Peut-ĂȘtre que se joue ici le rĂŽle, ou l’un des rĂŽles, de la littĂ©rature si elle veut rĂ©parer le monde », ce qui semble ĂȘtre, d’aprĂšs Alexandre Gefen, le tournant de la littĂ©rature contemporaine 2017. 42Une partie de ces textes a Ă©tĂ© portĂ©e Ă  la scĂšne par Éva Doumbia dans le cadre de son spectacle AfropĂ©ennes », composĂ© de Blues pour Elise et de Femme in a city » , deuxiĂšme partie des Écrits pour la parole, créé au Festival Francophonies en Limousin en septembre 2012. La mise en scĂšne permet Ă  Eva Doumbia d’explorer d’autres aspects de la race dans l’énonciation, en jouant notamment sur les accents antillais ou camerounais, et surtout sur les musiques et les danses, lesquelles habitent dĂ©jĂ  le texte de LĂ©onora Miano. MiseĂ  jour le mardi 23 aoĂ»t 2022 Ă  10h18 Savoir blaguer, savoir faire rire. Souvent, nous souhaitons savoir raconter une bonne blague pour nos amis. Une blague, cela ne conduit Ă  rien, n'implique rien, mais ne reste dans le cerveau que des mĂȘmes personnes ! Les yeux plus gros...Et le clochard s'demande oĂč est-ce qu'il va encorePouvoir passer l'hiver?Si je l'pouvais je le mettrais simplement dans laPoche de gulliverIci aucun de mes niggas ne peutDire comme obama aller Yes we can!Akhi surveille ta fille si elle te dit qu'elle part avecSes potes en week-end j'n'ai pas desPunchs, j'n'ai qu'des blacklinesSi y'en a une qui t'parle, akhi, back-laJ'n'ai pas des punchs, j'n'ai qu'des blacklinesSi y'en a une qui t'parle, akhi, back-la la'Be-ro' du diable est moulanteJ'danse avec lui, on zouk sur des sables mouvantsNon! J'me vois pas suivre le mouvementC'est vers chez nous qu'il y a les choses les plusÉmouvantesMaman se couche mais elle ne dort pasMĂ©dite bien sur cette blackline aprĂšs on en reparleÉvidemment qu'on fait du cinĂ©maRamĂšne di cap', j'l'handicapeL'argent, ça rĂ©sout nadaÇa rend juste l'homme chien sans aucun Ă©tat d'ĂąmeUn jour, on pourra plus nĂ©gocierLe crĂ©ateur a tous les dossiersAh ouais, tu t'es fait tromper par ton Ăąme sƓur?Fais l'muet, fais l'aveugle, fais l'sourdDounia, j'en ai assezAujourd'hui, ça tape la c avant d'savoir faire sesLacets si l'etat est sur mes cĂŽtes, tranquille, le game estSur mes couillesPardonnez-moi, j'sais qu'y'a des 'tits-pe' quiM'Ă©coutentRĂȘves, vĂ©ritĂ© masquĂ©es, cauchemar cachĂ©s, toutEst faux, casse-toi chez nousC'est tout l'contraire de la placeVendĂŽmeMarlich, on va pas au paradis en rolls phantomEt, tant qu'y'a pas mort d'homme, perdre, c'est rienMais, ça, c'est quand t'as rien Ă  perdreJ'ai cascadĂ©, poto, ma semelle est plusQu'usĂ©e dis-moi avec qui tu traĂźnes, j'te dirai rien, y'a qu'dieuPour jugerOn perd beaucoup d'argent en courrant aprĂšs uneFemmeMais on peut aussi perdre sa femme en courantAprĂšs l'argent hein! sans conceptUn peu long, mĂȘme trop long pour la faire en concertLa vĂ©ritĂ© On s'connaĂźt pasMais y'a encore du blĂ© Ă  faire, wesh, les mecs,DĂ©connez pasLaissez lefa, mach'allah, il a la foi ne parlezPas de belles histoires avant la finComplĂštement matrixĂ©Parano, j'pourrais t'faire du sale parce que tu m'asFixĂ©Non, non, j'suis pas un gangsta, j'ai jamais 'rĂ©-ti',Paw! Si toi oui, et alors, t'es un tarĂ©, toi, hein?Bref, moi, j'ai plutĂŽt intĂ©rĂȘt Ă M'occuper d'ma propre vie pour qu'on puisseM'enterrer propreJ'aurais aimĂ© pouvoir revenir Ă  l'Ă©poqueEt j'aurais aimĂ© savoir qu'est-ce que pensent mes potesQui m'ont vu partir d'un rien et d'un coup, les spotsJ'aurais aimĂ©, j'aurais aimĂ©Et, au fait, j'me suis mariĂ©Et l'sheitan a dit "j'vais tout dĂ©truire, combienVous voulez parier?" et j'ai gagnĂ© le premier round car j'ai un filsMais j'suis devenu un peu bizarre, les frĂšres,J'aimerais qu'on m'analyseJ'ai Ă©tĂ© choquĂ© par des choses qu'aujourd'hui jeBanaliseDĂ©goĂ»tant mais nĂ©cessaire comme la structure de ma saliveTraumatisĂ© pour nos cas faut des scientifiquesCousin, on finira tous ko, mĂȘme celui qui anticipeJ'te raconte ma vie alors qu'j'devrais 'as-p'Et j'suis plus au stade de m'demander si j'fais duVrai rap one-two, one-twoLaisse-moi juste dire Ă  tous ceux qu'j'aime haut etFort I love you!Excusez-moi, mais je n'veux pas qu'on m'idolĂątreUn long chemin entre la parole et les actesMĂȘme si, petit, c'est vrai, j'rĂȘvais d'ĂȘtre starMais elle est loin l'Ă©poque oĂč on criait "on baiseLes shtars!"Les sessions freestyle Ă  milton, loin des hĂŽtelsHiltonBeaucoup de 'res-frĂš' 'bĂ©s-tom', j'm'attendais pas Ă C'qu'ils tombent les nerfs, les pulsions, ma mĂšre, notre expulsionTout ça feat la passion, ça m'Ă©tonne pas qu'il tue,L'son les yeux plus gros...Et le clochard s'demande oĂč est-ce qu'il va encorePouvoir passer l'hiver?Si je l'pouvais je le mettrais simplement dans laPoche de gulliverIci aucun de mes niggas ne peut dire comme obama aller Yes we can!Akhi surveille ta fille si elle te dit qu'elle part avecSes potes en week-end j'n'ai pas des punchs, j'n'ai qu'des blacklinesSi y'en a une qui t'parle, akhi, back-laJ'n'ai pas des punchs, j'n'ai qu'des blacklinesSi y'en a une qui t'parle, akhi, back-la

Elle ne dira rien, insistai-je rapidement. Rose était sur le point d'exploser, et je voulais mettre ce point au clair avant. - Tu ne connais pas ses pensées, me rappela Carlisle. - Je sais au moins cela. Alice, soutiens-moi. Alice me regarda avec lassitude. - Je ne peux pas savoir ce qui se passera si l'on ignore cela. Elle jeta un coup d

Mme Pavoshko est une chanson en Français Yeah Hello Yoohoo Ce son est une dĂ©dicace Ă  Madame Pavoshko Vous vous souvenez, haha Monsieur Diallo Hi, Madame Pavoshko, non J'suis pas en prison ou Ă  l'hosto', non J'fais des hits, Madame Pavoshko Et vos gosses me kiffent, Madame Pavoshko Oui, oui, oui, oui, oui, Madame Pavoshko J'ai toujours autant d'inspi' Madame Pavoshko C'est pour mes gars sous weed, Madame Pavoshko Si vous voulez, on s'tweete, Madame Pavoshko Et ça fait Solo, tĂȘte sous l'eau J'me suis dit, "C'est l'moment mets l'fire!" Fire Fire Fire Solo, tĂȘte sous l'eau J'me suis dit, "C'est l'moment mets l'fire!" Fire Fire Fire Yo, vous vous souvenez d'oim'? Le petit renoi qui grattait des couplets d'barge Fuck le dĂ©lĂ©guĂ©, dites-moi oĂč est l'mic' Ouh On dirait qu'on m'a poucave, wesh d'oĂč elle m'snipe? Ma vie, les cours, oui, oui, oui, oui, oui Je m'en bats les beep, oui Je sais, c'est dommage, du coup Vos surveillants sont contre moi, moi, moi Hi, Madame Pavoshko, non J'suis pas en prison ou Ă  l'hosto', non J'fais des hits, Madame Pavoshko Et vos gosses me kiffent, Madame Pavoshko Oui, oui, oui, oui, oui, Madame Pavoshko J'ai toujours autant d'inspi' Madame Pavoshko C'est pour mes gars sous weed, Madame Pavoshko Si vous voulez, on s'tweete, Madame Pavoshko Solo, tĂȘte sous l'eau J'me suis dit, "C'est l'moment mets l'fire!" Fire Fire Fire Solo, tĂȘte sous l'eau J'me suis dit, "C'est l'moment mets l'fire!" Fire Fire Fire J'ai trop fait d'aller-retour au Rectorat Vos discours, dans ma 'te-tĂȘ', j'en ai fait une vraie chorale Toi, t'es sĂ©-po dans ton bureau, tu m'dis "Va bricoler!" Et moi, au lieu d'te gifler, je prĂ©fĂšre en rigoler DĂšs qu'nos regards se croisent, hop, adrĂ©naline Oui, je sais, j'ai pas calculĂ© l'prof de mathĂ©matiques J'analysais un d'ces fameux couplets oĂč Nakk, il kickait Oui, je sais Madame, le rap a failli gĂąter ma vie Hi, Madame Pavoshko, non J'suis pas en prison ou Ă  l'hosto', non J'fais des hits, Madame Pavoshko Et vos gosses me kiffent, Madame Pavoshko Oui, oui, oui, oui, oui, Madame Pavoshko J'ai toujours autant d'inspi' Madame Pavoshko C'est pour mes gars sous weed, Madame Pavoshko Si vous voulez, on s'tweete, Madame Pavoshko Je me suis jurĂ© qu'un jour, vous danserez sur mes sons À une Ă©poque, j'voulais me procurer un Smith et Wesson Une petite voix me chuchotait "Vas-y, tire sur l'Ă©cole Ça fera une petite anecdote, la directrice, elle est conne" Pourquoi ce con de surveillant m'demande de vider mes poches? On n'est pas au poste de police, et, moi, j'suis fidĂšle au poste Mettez-moi vos heures de colle, mĂȘme allez prĂ©venir vos collĂšgues Vous avez qu'Ă  ĂȘtre en colĂšre, c'est nous les reust' du collĂšge Oui, aujourd'hui, ils diront Que je ne rappe que pour les tits-pe, que pour le fric Quel drĂŽle de type, j'dirais mĂȘme petit con Qui s'imagine avoir la force de King Kong Oui, aujourd'hui, ils diront Que je ne rappe que pour les tits-pe, que pour le fric Quel drĂŽle de type, j'dirais mĂȘme petit con Qui s'imagine avoir la force de King Kong Enfin, bref Hi, Madame Pavoshko, non J'suis pas en prison ou Ă  l'hosto', non J'fais des hits, Madame Pavoshko Et vos gosses me kiffent, Madame Pavoshko Oui, oui, oui, oui, oui, Madame Pavoshko J'ai toujours autant d'inspi' Madame Pavoshko C'est pour mes gars sous weed, Madame Pavoshko Si vous voulez, on s'tweete, Madame Pavoshko Solo, tĂȘte sous l'eau J'me suis dit, "C'est l'moment mets l'fire!" Fire Fire Fire Solo, tĂȘte sous l'eau J'me suis dit, "C'est l'moment mets l'fire!" Fire Fire Fire Parti au conseil de classe, les profs disaient Qu'tu fais partie des plus nazes de l'Ă©cole Jette ton cahier, mets l'fire, fire Fire, fire Et c'est, pour toi, un avertissement T'as donc plus aucune excuse en plus de divertissement Jette ton cahier, mets l'fire, fire Fire, fire Oui, je faisais exprĂšs d'arriver en retard pour m'faire renvoyer Oui, madame, oui, je fumais des beep dans les toilettes Oui, j'Ă©tais prĂ©sent qu'Ă  la cantine Oui, j'ai pas eu mon bac, oui, j'ai pas eu mon BEP Oui, j'ai pas eu mon brevet, oui, mais j'vous remercie Vous m'avez donnĂ© la force d'rĂ©aliser l'un d'mes rĂȘves les plus fous Ah "Les yeux plus gros que le monde", hahaha Ah, assumez, ouh, ah
\n \n \n \nblack m je ne dirais rien parole
Quinzemarins sur le bahut du bord. Yop la ho une bouteille de rhum. A boire et le diable avait rĂ©glĂ© leur sort. Yop la ho une bouteille de rhum. Long John Silver a pris le commandement. Des marins et vogue la galĂšre. Il tient ses hommes comme il tient [SpĂ©cial Sexe] Au tĂ©lĂ©phone, depuis Miami oĂč elle rĂ©side dĂ©sormais, la musicienne Ă©voque ses premiers baisers, ses premiĂšres amours, ses traumatismes, et son amour de la tendresse. Que trouves-tu Ă©rotique aujourd’hui ? La simplicitĂ©. La subtilitĂ©. Quelque chose qui serait de l’ordre du secret, du caché  Quelque chose qu’il faille dĂ©couvrir, apprendre, qui ne soit pas surexposĂ©, surexploitĂ©. Presque comme un parfum. Et pas une mauvaise odeur ! Aux États-Unis, tout est presque gore. Avec quelle image de la fĂ©minitĂ© as-tu grandi ? Ma mĂšre Ă©tait trĂšs libre, trĂšs sauvage. Elle ne portait pas de soutien-gorge. Notre entourage Ă©tait cosmopolite, reprĂ©sentatif de la contre-culture seventies branchĂ©e drogue. Un monde d’adultes qui normalement n’est pas accessible aux enfants. Ma mĂšre Ă©tait si jeune qu’elle ne me protĂ©geait pas beaucoup
 J’ai dĂ©couvert le bien et le mal trĂšs jeune, mais aussi la survie. Les gens parlent souvent du verre Ă  moitiĂ© vide et du verre Ă  moitiĂ© plein tu sais, eh bien moi j’ai su qu’il fallait que je voie ma vie comme un verre Ă  moitiĂ© plein pour survivre. Quelle petite fille Ă©tais-tu ? Je ressemblais Ă  un garçon manquĂ©. J’essayais de porter du maquillage mais ça ne fonctionnait pas. Je ne me sentais pas femme du tout. Je n’étais pas Ă  l’aise avec mon corps. Avec un amant oui, plus tard. Mais petite fille, je ne m’identifiais pas du tout aux femmes. Il y avait beaucoup de porno, d’images Ă©rotiques autour de moi, et de publicitĂ©s Ă  la tĂ©lĂ©vision pour promouvoir du maquillage, des crĂšmes pour ĂȘtre plus belle. Je ne voulais pas participer Ă  tout ça
 Ce n’était pas moi. Pourquoi ? J’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ©e par ma grand-mĂšre jusqu’à mes 5 ans, l’ñge auquel j’ai rencontrĂ© ma mĂšre, qui m’a ensuite emmenĂ©e tous les soirs dans des bars, Ă  des concerts. On Ă©tait toujours avec plein de gens trĂšs diffĂ©rents. Ma grand-mĂšre, elle, ne portait pas de maquillage, un peu de rouge Ă  lĂšvres, de crĂšme hydratante et elle s’épilait les sourcils. C’est tout. Ma mĂšre, elle, c’était eye-liner noir, rouge Ă  lĂšvres, pas de soutif
 Elle me semblait vulgaire. Ou peut-ĂȘtre que j’en avais peur car je n’avais pas de poitrine, pas de hanches
 Et puis, j’ai vu beaucoup de porno, petite
 Mon pĂšre avait toute la collection des Traci Lords avant mĂȘme qu’elle ait atteint 18 ans [actrice pornographique amĂ©ricaine culte des annĂ©es 1980 qui tourna la majeure partie de ses films en Ă©tant mineure]. Quand il allait bosser la nuit, je regardais ses VHS. Il avait des magazines Playboy, Penthouse... Je voyais toute cette pornographie. Ce n’était pas de belles images de sensualitĂ©. “Mon premier baiser a Ă©tĂ© horrible. J’avais 13 ans, et ce garçon que je pensais ĂȘtre mon ami a enfoncĂ© sa langue dans ma gorge” Elles t’excitaient un peu ? Les vidĂ©os de Traci Lords, c’était genre deux bites dans la bouche, trois dans le cul, trois dans le vagin et quelqu’un qui lui Ă©jacule sur le ventre
 ça m’a traumatisĂ©e. Et mon premier baiser a Ă©tĂ© horrible. J’avais 13 ans, et ce garçon que je pensais ĂȘtre mon ami a enfoncĂ© sa langue dans ma gorge. Je ne l’aimais mĂȘme pas. Quand j’ai eu mon premier vrai baiser j’avais 18 ans et c’était plutĂŽt magique. Ça ressemblait Ă  ce que cela devait ĂȘtre, quelque chose de tendre, d’excitant, de sexy. Es-tu toujours restĂ©e “garçon manquĂ©â€, comme tu dis, ou as-tu changĂ© d’image Ă  un moment donnĂ© ? Quand j’ai eu 27 ans, j’ai rencontrĂ© l’amour de ma vie et j’ai compris pour la premiĂšre fois ce que voulait dire se sentir femme au sens d’ĂȘtre fĂ©minine, Ă©lĂ©gante, belle, sexy. AprĂšs ça, j’ai appris comment ĂȘtre plus libre, audacieuse, prendre des risques. J’espĂšre que toutes les femmes ont un jour dans leur vie la chance de faire cette expĂ©rience de libertĂ©. C’est trĂšs sain. Tu t’intĂ©ressais aux garçons, ado ? Oui, mĂȘme plus jeune. La premiĂšre fois que j’ai cru ĂȘtre amoureuse, il s’appelait Todd. J’étais folle de lui. Il Ă©tait cool. Il jouait au football. Il Ă©tait beau et calme. Il ne faisait pas de blagues, il ne jouait pas au malin. Je le trouvais masculin. J’ai toujours eu un crush sur quelqu’un. Je changeais souvent d’écoles, il faut dire. Mais en grandissant, ceux qui Ă©taient beaux, comme Cass, sont souvent devenus de gros connards. Donc ça devenait de plus en plus difficile de bien les aimer. Je n’ai donc pas eu de copains avant mes 18 ans, oĂč je suis sortie avec un mec plus ĂągĂ© qui est dĂ©cĂ©dĂ© sur une moto. On traĂźnait dans l’appartement de ses parents. On mettait du Black Sabbath Ă  fond et on fumait des joints. Le morceau le plus hot ? Il y a six mois, je crois, j’étais avec quelqu’un et j’ai mis Wise One de John Coltrane. Je n’ai jamais liĂ© ce morceau au sexe, jamais. Mais mon portable Ă©tait en mode repeat, donc le morceau est passĂ© en boucle toute la soirĂ©e
 Et donc dorĂ©navant je le lie au sexe
 outch ! C’était une nuit de folie ! Tu as repris Je t’aime moi non plus de Gainsbourg et Birkin avec Karen Elson en 2006 pour une compilation hommage Ă  Gainsbourg des Inrockuptibles. Quelle relation as-tu Ă  ce morceau ? C’est probablement le morceau le plus sexy qui ait jamais Ă©tĂ© enregistrĂ©. On a voulu le traduire en anglais mais ça ne marchait pas
 ”I want to come between your kidneys” [rires]
 on a donc dĂ» changer les paroles pour donner une version plus sensuelle de notre interprĂ©tation anglaise. Le français est la langue de l’amour. Il sonne comme un baiser. Je ne suis pas quelqu’un de trĂšs nostalgique, mais je le suis des baisers, ça c’est sĂ»r ! De certains baisers que tu as vĂ©cus ou des baisers en gĂ©nĂ©ral ? De certains baisers vĂ©cus, trĂšs spĂ©cifiques. On sait lesquels sont les bons. Ce sont les cadenas qui dĂ©verrouillent la chatte, qui ouvrent la voie au sexe. “Je trouve les femmes incroyablement belles, mĂȘme si je suis hĂ©tĂ©ro. Bien plus belles que les hommes” Le sexe va-t-il mieux aujourd’hui ? Petite, les conversations sur le sexe Ă©taient dirigĂ©es par les garçons, elles leur appartenaient. Ils Ă©taient mĂ©chants, grossiers, vulgaires. Ils critiquaient notre manque de poitrine
 Aujourd’hui, il y a des podcasts, des conversations sur le sujet menĂ©es par des femmes. Ce n’est pas forcĂ©ment Ă  visĂ©e Ă©ducative, mais ça passe des informations. J’entends des choses et je me pose des questions. Nos corps fonctionnent diffĂ©remment, ne rĂ©pondent pas aux mĂȘmes stimuli, donc c’est toujours bien de savoir ce qui se passe ailleurs. Aujourd’hui, on entend des femmes s’exprimer sur leurs dĂ©sirs, leurs plaisirs. C’est hyperimportant. Regardes-tu du porno ? Non, c’est fini ça. Et puis aujourd’hui, les jeunes peuvent cliquer sur le pire de l’horrible, voir des tueries, du porno
 tout s’entremĂȘle en ligne. Alors qu’il y a des choses plus subtiles que le porno mainstream. Comme des vidĂ©os fĂ©tichistes oĂč des femmes fument en se faisant masser les jambes
 Une icĂŽne Ă©rotique ? De Niro dans Mean Streets, Sean Penn dans Comme un chien enragĂ©. Et Prince ! OĂč se trouve ta beautĂ© ? Je trouve les femmes incroyablement belles, mĂȘme si je suis hĂ©tĂ©ro. Bien plus belles que les hommes. Mais je suis sexuellement excitĂ©e par un homme, et quand c’est le cas, ce n’est pas tant de la beautĂ© qu’une forme de masculinitĂ©. Je ne suis pas vraiment attirĂ©e par l’androgynie. Quelle masculinitĂ© justement ? Les traits bruts. Il y a plus d’arĂȘtes. La mĂąchoire, le nez, les contours du corps
 Que faire aprĂšs le sexe ? Fumer une cigarette ! Et boire un trĂšs bon alcool. Du vin blanc frais si c’est l’étĂ©, par exemple. Et aprĂšs une rupture ? Fumer une cigarette ! Et boire un trĂšs bon alcool ! Ou plutĂŽt fumer un paquet de cigarettes et descendre une bouteille d’un trĂšs bon alcool ! Avoir de bons amies aussi, et de la bonne musique. “Je veux toujours me sentir invisible sur scĂšne. Le vortex dans lequel je me trouve, lorsque je chante sur scĂšne, n’a plus rien Ă  voir avec nos corps” Qu’est-ce qui est le plus excitant l’image, le son, les mots ? Ouh
 je dirais le rĂ©el. Pas l’image. Mais si je suis seule, un souvenir. Une image mentale donc. Je me repasse une scĂšne en la modifiant lĂ©gĂšrement pour l’amĂ©liorer ! [rires] Prendre le temps de faire des choses que je n’ai pas eu le temps de faire sur le coup ! T’es-tu posĂ© la question du male gaze et du female gaze ? Oui, moi, je n’ai de toute façon jamais pu oublier que j’étais une femme ! On me l’a toujours rappelĂ©, des managers aux ingĂ© son en passant par les tourneurs, les journalistes, les radios
 “Et vous, en tant que femme
” Comme si j’étais une femme avant d’ĂȘtre une artiste. On m’a toujours comparĂ©e Ă  des femmes. Je n’ai jamais eu la chance de pouvoir oublier que j’étais une femme. Aux États-Unis, on n’est pas du tout Ă©gaux, c’est certain. Ça me rend encore plus battante que ce que je pensais. J’ai dĂ» apprendre Ă  Ă©lever la voix, Ă  rĂ©clamer des choses banales qui, si j’étais un homme dans un studio, me seraient accordĂ©es trĂšs naturellement. C’est Ă©puisant. Un conseil sexuel qu’on t’a dĂ©jĂ  donnĂ© ? À 24 ans, ma grand-mĂšre m’a dit “Oh, darling, tu dois sortir avec le plus de mecs possible afin de trouver le vĂ©ritable amour.” Je suis restĂ©e bouche bĂ©e. Ma grand-mĂšre Ă©tait trĂšs chrĂ©tienne
 C’était dingue qu’elle dise ça. La tenue la plus sexy ? Au quotidien, je porte des sortes de salopettes qui se zippent sur le devant. Le seul truc de sexy que je possĂšde, c’est la robe de The Vampire’s Wife [marque créée par Susie Cave, compagne de Nick Cave] que je porte sur scĂšne. Avec elle, je me sens invisible. Je veux toujours me sentir invisible sur scĂšne. Le vortex dans lequel je me trouve, lorsque je chante sur scĂšne, n’a plus rien Ă  voir avec nos corps, ni avec la robe de The Vampire’s Wife, ni avec le fait de porter de l’eye-liner, ou d’avoir un corps de femme, ou d’ĂȘtre faite de chair
 Je cherche Ă  rejoindre la musique et je veux emmener tout le monde dans ce voyage. Ça n’a plus rien Ă  voir avec le fait d’ĂȘtre vue. Il n’y a pas de sĂ©duction avec le public ? ChĂ©rie, j’aimerais bien ! C’est beau comme idĂ©e. Nous sommes tous des ĂȘtres dĂ©sirants, alors oui certainement. Je ne suis pas certaine d’avoir envie que les gens dans le public aient tous envie de faire l’amour avec moi cependant [rires]. Mais j’aime l’idĂ©e qu’une chanson puisse sĂ©duire. C’est Ă©lĂ©gant. Comment dĂ©crirais-tu l’interaction sexuelle ? C’est un endroit, comme sur scĂšne, presque spirituel qui connecte diffĂ©rentes parties du cerveau qui, d’habitude, ne se rencontrent pas, je pense. Ça peut parfois sembler primitif, au sens oĂč ça t’apporte la mĂȘme sensation que lorsque tu as trĂšs soif et que tu bois de l’eau trĂšs fraĂźche. Ça peut aussi ĂȘtre un tendre prolongement du sentiment amoureux. La tendresse. C’est nourrissant. Quelle partie du corps t’excite ? Les mains. As-tu dĂ©jĂ  dĂ©sirĂ© ĂȘtre quelqu’une d’autre ? Oui, la choriste de Michael Jackson. cafeynCat Power
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Tout le monde me regardeA travers mon innocence je pense qu'ils me charmentMa maĂźtresse d'Ă©cole ma dit que j'Ă©tais chez moiMais mon papa lui pourtant se mĂ©fie d'elle, est-elle fidĂšle?La france est belleMais elle me regarde de haut comme la Tour EiffelMes parents m'ont pas mis au monde pour toucher les aidesJ'ai vu que marion m'a twitter d'quoi elle se mĂȘle?Je sais qu'elle m'aimeJe suis françaisIls veulent pas que Marianne soit ma fiancĂ©ePeut-ĂȘtre parce-qu'ils me trouvent trop foncĂ©Laisse moi juste l'inviter Ă  danserJ'vais l'ambiancerJe suis françaisIls veulent pas que Marianne soit ma fiancĂ©ePeut-ĂȘtre parce-qu'ils me trouvent trop foncĂ©Laisse moi juste l'invitĂ©e Ă  danserJ'vais l'ambiancerJ'paye mes impĂŽts moiJ'pensais pas qu'l'amour pouvait ĂȘtre un combatA la base j'voulais juste lui rendre un hommageJ'suis tiraillĂ© comme mon grand-pĂšre ils le savent, c'est dommageJolie Marianne, j'prĂ©fĂšre ne rien voir comme Hamadou et MariamJ't'invite Ă  manger un bon mafĂ© d'chez ma tataJe sais qu'un jour tu me dĂ©clareras ta flamme, aĂŻe aĂŻe aĂŻeJe suis françaisIls veulent pas que Marianne soit ma fiancĂ©ePeut-ĂȘtre parce-qu'ils me trouvent trop foncĂ©Laisse moi juste l'inviter Ă  danserJ'vais l'ambiancerJe suis françaisIls veulent pas que Marianne soit ma fiancĂ©ePeut-ĂȘtre parce-qu'ils me trouvent trop foncĂ©Laisse moi juste l'invitĂ©e Ă  danserJ'vais l'ambiancerJe suis chez moi, chez moi, chez moiJe suis chez moi, chez moi, chez moi, chez moiJe suis chez moi, chez moi, chez moiJe suis chez moi, chez moi, chez moiJe suis françaisIls veulent pas que Marianne soit ma fiancĂ©ePeut-ĂȘtre parce-qu'ils me trouvent trop foncĂ©Laisse moi juste l'invitĂ©e Ă  danserJ'vais l'ambiancerJe suis françaisIls veulent pas que marianne soit ma fiancĂ©ePeut-ĂȘtre parce-qu'ils me trouvent trop françaisLaisse moi juste l'inviter Ă  danserJ'vais l'ambiancerJe suis noirJe suis beurJe suis jauneJe suis blancJe suis une ĂȘtre humain comme toiJe suis chez moiFier d'ĂȘtre français d'origine guinĂ©enneFier d'ĂȘtre le fils de Monsieur DialloÉternellement insatisfaitA suivre
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